PortraitsEntrevue avec Armand Hadida, créateur du Tranoï

Entrevue avec Armand Hadida, créateur du Tranoï

« Il faut des choses nouvelles ! » Voici la principale exigence d’Armand Hadida, à l’origine de la création du Tranoï existant depuis 1998 et qui est devenu un des leaders des salons de mode internationale. Cet évènement artistique réunit, quatre fois par an durant  la Fashion Week de Paris et deux fois par an lors de la « Fashion Marker Week » de New York, les jeunes créateurs les plus audacieux de l’univers de la mode, de la parfumerie et du design.

Déjà directeur, avec sa femme, des galeries parisiennes avant-gardistes LECLAIREUR ; Armand Hadida a pour ambition de faire du Tranoï plus qu’un banal salon, un lieu où se mêlent installations artistiques, défilées et soirées… En bref, un haut lieu de la créativité. Rencontre avec ce visionnaire qui partage avec nous sa conception peu conventionnelle de la mode.

Le Tranoï réunit de nombreux domaines : la mode, la parfumerie et désormais le design. Pourquoi une telle diversité ?  

Armand Hadida : Un espace boutique doit, aujourd’hui, devenir un espace de vie, de rencontre et d’échange. Pourquoi se limiter à ne parler que de vêtements alors que l’on a désormais la possibilité de conjuguer toutes les autres expressions artistiques ? C’est ça, une formule gagnante. Tout ce qui gravite autour de nous est mode. Il faut oser proposer un maximum de choses. Les marques présentent sur le salon sont de très grandes signatures et de très grands noms puisqu’elles sont présentes dans des musées et que beaucoup d’articles ont été consacrés à leur travail. D’ailleurs, tous ceux qui sont présents ici le sont aussi chez l’Éclaireur.

Privilégiez-vous les marques françaises comme exposants au sein du Tranoï ?

A.H : Vous savez, lorsque l’on est dans le monde de la mode, les frontières n’existent pas. Ce qui est important est de divulguer, promouvoir et se projeter au-delà de ces frontières. Il n’y a aucun critère de sélection qui prend en compte l’origine de l’artiste pour participer au Tranoï. Notre devoir est de partager avec l’autre, peu importe le pays d’où il vient.  Nous sommes là pour faire le plus d’heureux possible.

Vous collaborez avec des écoles de création, quel en est le principal intérêt ?

A.H : Il y a toujours des partenariats avec des écoles. Notre prochaine collaboration sera d’ailleurs avec la chambre de l’académie d’Anvers. Il est très important d’offrir un peu de visibilité à tous ces jeunes qui sortent des écoles : leur donner un aperçu de ce qu’est le marché, de ce qu’il attend et de ce qu’il va devenir. C’est pour cela que nous tenons à garder cette relation de toujours avec les écoles de mode et de design. Les jeunes créateurs s’enrichissent lors de ces salons car ils découvrent toute cette offre, observent leurs confrères en action, ils digèrent mieux le travail qu’il sera fait. C’est un terrain de découverte, un lieu de connexion, un carrefour de rencontre et d’échange : c’est ça un salon.

Vous baignez dans le domaine de la mode depuis des années. Quelles sont, selon vous, les tendances qui émergeront les prochaines années ?  

A.H : Le menu est bien varié. Ce qui fonctionne encore, ce sont les jeunes designers qui se démarquent de leurs ainés en menant un certain travail personnel toujours plus contemporain et créatif. Aujourd’hui, la jeune communauté asiatique, j’entends par là chinoise ou coréenne, est la plus à même d’oser se vêtir avec des pièces différentes des autres. Ces jeunes sont les porteurs les plus pointus de la mode contemporaine. Nous sommes alors sur le vestiaire le plus graphique : le sexe n’existe plus au niveau du vêtement, les silhouettes se définissent comme androgynes. Nous sommes encore sur une offre de niche très réduite mais qui ne peut que s’étendre. Prendre forme mais ça prendra du temps, cela s’adresse à une forme très limitée.

Et quel serait l’évolution du commerce de la mode tel que vous l’imaginez ?

A.H : Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est protéger la créativité. Les défilés, par exemple, ne doivent pas être des défilés de B to B (Business to Business) mais B to C (Business to Consumer). Ceux de demain seront dédiés aux consommateurs. L’idéal serait de ne pas montrer le produit aux potentiels copieurs tant qu’il n’est pas sur le marché. Le futur c’est quand un acheteur voit le produit sur le podium, il clique et l’achète instantanément. De cette façon, il n’y aura pas de mauvaise copie. C’est comme cela que ça finira et pas autrement. Demain tous les intermédiaires et mauvais intermédiaires n’existeront plus.

Le prochain salon Tranoï Men’s, Women’s, Pre-collections & Parfums se déroulera du 17 au 19 septembre 2016 à New York et reviendra à Paris du 30 septembre au 3 octobre 2016 pour les femmes uniquement.

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